Voici cinq morceaux marquants de la carrière du producteur et musicien Quincy Jones, décédé le dimanche 3 novembre à l’âge de 91 ans.
Résumer la carrière de Quincy Jones, c’est impossible. L’Américain, né un 14 mars 1933 à Chicago dans l’Illinois, a tout vu, tout entendu, tout fait. Il a été boxeur, il a acheté de la drogue à un jeune Malcolm X, composé pour la télévision et le cinéma, il était pote avec Picasso… Mais il a surtout marqué l’histoire de la musique avec un énorme M majuscule durant presque 60 ans, d’abord dans le jazz puis aux côtés de Michael Jackson, Ray Charles, Stevie Wonder, Frank Sinatra, Brel, Aznavour, Peggy Lee ou encore Ella Fitzgerald. Pour lui rendre un hommage, on a sélectionné cinq morceaux emblématiques de sa carrière, parmi plus de 2 900 chansons réparties sur 300 albums et 28 Grammy Awards.
We are deeply saddened to hear of the passing of producer, songwriter, composer and arranger Quincy Jones.
As a master inventor of musical hybrids, he has shuffled pop, soul, hip-hop, jazz, classical, African and Brazilian music into many dazzling fusions, traversing virtually… pic.twitter.com/1vQGFmyFNA
— The Jazz Estate (@thejazzestate) November 4, 2024
Billie Jean – Michael Jackson
Avec Michael Jackson, Quincy Jones a été là pile au bon moment. Il produit trois albums pour l’Américain — Off the Wall (1979), Thriller (1982) ainsi que Bad (1987) — à un moment de sa carrière où Quincy était en confiance. « À l’époque où je travaillais avec Michael, j’avais déjà fait toutes les erreurs possibles. J’avais 50 ans quand j’ai réalisé Thriller, seulement 29 quand je travaillais avec Sinatra. » Expérimenté et sûr de lui, Quincy réinvente le style de Jackson, et fait de lui une star mondiale.
Sur Thriller — plus de 66 millions d’albums vendus dans le monde —, Michael Jackson est à son apogée. On aurait pu choisir Beat It et son solo joué par Eddie Van Halen, The Girl is Mine avec Paul McCartney ou encore Thriller, mais c’est bien Billie Jean qui remporte le vote des fans, pour son côté funk et disco, pour le moonwalk réalisé la première fois à la télévision le 16 mai 1983 et pour le kif procuré quand on l’écoute, même 42 ans plus tard.
Fly me to the Moon – Frank Sinatra
En 1964, Quincy Jones collabore pour la première fois avec Frank Sinatra, pour l’album It Might as Well Be Swing. Si les deux resteront longtemps amis — Quincy a même hérité de la bague sicilienne de Sinatra —, il y a un morceau sur ce disque (Fly me to the Moon) qui a marqué les esprits, pour deux raisons.
La première ? C’est une très belle chanson, avec des arrangements subtils. La seconde ? Il s’agit du titre joué par Buzz Aldrin lorsqu’il mettra un pied sur la lune en 1969, quelques minutes après Neil Armstrong. L’astronaute avait pris une cassette de It Might as Well Be Swing au sein de la navette spatiale. Le morceau a aussi été chanté par Sinatra quand les deux astronautes sont rentrés de leur mission — lors d’une fête organisée par la NASA — mais aussi à l’enterrement de Neil Armstrong en 2012.
Give me The Night – George Benson
Ce tube disco, qui tourne encore durant toutes les (bonnes) soirées funky qui se respectent, a été produit par Quincy Jones. Grâce à cette chanson, George Benson, 37 ans, remporte un Grammy Award en 1980 — pour la meilleure performance vocale masculine. L’album du même nom, également produit par Jones, fait partie des meilleurs disques de sa carrière. Un morceau culte qui a été samplé par IAM sur Je Danse le Mia en 1993.
Soul Bossa Nova – Quincy Jones
Si on doit retenir un album solo de Quincy Jones, alors il faut écouter The Dude, sorti en 1981. Mais Quincy Jones a été un grand nom du cinéma et de la télévision (The Bill Cosby Show, Le Prince de Bel-Air, etc.), et un des premiers artistes noirs à composer pour le grand écran.
Jones a réalisé plusieurs musiques de films, notamment les bandes originales de La Couleur Pourpre de Spielberg, De sang-froid ou encore de Dans la chaleur de la nuit (Oscar du meilleur film en 1967). Mais l’une de ses musiques est immédiatement associée au cinéma, et plus particulièrement à un personnage : Austin Powers. Le morceau Soul Bossa Nova, issu de l’album Big Band Bossa Nova sorti en 1962, est le générique de la saga.
We are the World – USA For Africa
Difficile de faire un top 5 sans inclure We are the World. Alors que Quincy bossait sur les musiques de La Couleur Pourpre, il est approché pour participer à l’enregistrement d’un single caritatif pour l’association USA for Africa afin de financer la lutte contre la famine en Afrique, notamment en Ethiopie.
La chanson a été écrite par Lionel Richie et Michael Jackson, et plusieurs grands noms de la chanson aux États-Unis, comme Bob Dylan, Paul Simon, Cyndi Lauper, Stevie Wonder, Diana Ross ou encore Bruce Springsteen, ont donné leur accord pour unir leurs voix. Un documentaire sur l’enregistrement de cette chanson, intitulé The Greatest Night in Pop, est disponible sur Netflix.
En bonus, on rajoute que Quincy Jones a également remixé le tube électronique de New Order intitulé Blue Monday. Il a sorti sa version sur son propre label aux États-Unis (Qwest Records), ce qui a permis aux Britanniques de percer aux USA et de continuer à gagner en popularité. Un tube qui plus de 40 ans plus tard, et comme les vinyles, tourne toujours en rond.