« Who run the world ? Girls ! », chante Beyoncé avec aplomb. Et jamais, cela n’aura été aussi vrai. Du moins, dans la sphère musicale. Il faut dire que depuis quelques années, les artistes féminines s’imposent, s’affirment et, plus que jamais, ouvrent la voie aux générations futures. Des records accumulés par Taylor Swift à la Vendetta de Miley Cyrus en passant par le sacre de Beyoncé, toutes ont apporté (et apportent toujours) leur pierre à l’édifice. En 2023, les artistes féminines affirment encore plus le pouvoir que, difficilement, elles sont parvenues à gagner.
Taylor Swift ou l’industrie musicale
Octobre 2022, Taylor Swift dévoile Midnights – un nouvel album original. Après avoir consacré quelques mois aux ré-enregistrements de ses précédents opus après le rachat de ses masters par Scooter Braun, Swift nous a offert son premier disque composé d’inédits depuis la sortie d’Evermore. Au top de sa créativité (et de sa productivité), l’artiste bat des records dès les premières 24 heures sur Spotify. Pour vous donner une idée, côté chiffres, Midnights s’est imposé à la première place des ventes d’albums en France (une première dans la carrière de la super star américaine), les 13 morceaux de l’édition originale ont trouvé leurs places dans les classements et, loin de s’arrêter en si bon chemin, Midnights n’est autre que le vinyle qui s’est le mieux vendu depuis les années 80. Ajoutez à cela un Grammy Awards qui récompense le court-métrage qui accompagne le morceau (déjà) culte All Too Well (10 minutes Versions) -à retrouver sur Red (Taylor’s Version)- et vous obtenez une fin d’année radieuse pour l’interprète de Shake It off qui, pour la première fois, a vu ses talents de réalisatrice être récompensés. Petit bonus, Taylor Swift se lancera dès ce mois de mars dans son Eras Tour (une tournée qui englobera toutes les ères qui ont marqué sa carrière), accompagnée d’une armée d’artistes prestigieux.
A ce jour, Taylor Swift reste d’ailleurs la seule artiste à avoir mis TicketMaster à genoux – un exploit qu’elle peut fièrement ajouter à sa collection. En 2014, les médias américains disaient que « Taylor Swift est l’industrie musicale » et, plus on avance, plus l’on se dit que, peut-être, il y a du vrai.
Le sacre de Queen B
Et côté exploits, Beyoncé n’est pas en reste. Celle qui a battu des records avec son album RENAISSANCE (sorti en juillet dernier) est entrée dans l’Histoire lors de la dernière cérémonie des Grammy Awards : avec pas moins de 32 récompenses cumulées au cours de sa carrière, Beyoncé devient l’artiste la plus primée depuis la toute première cérémonie organisée par l’Académie. Impossible n’est pas Queen B et si certains en doutaient, qu’ils se hâtent d’aller consulter les chiffres : au-delà d’avoir gagné plus de 30 statuettes, Beyoncé reste l’artiste la plus nommée de toute l’Histoire des Grammys avec pas moins de 88 nominations.
Miley Cyrus, au panthéon des Revenge Songs
Et justement, en parlant de renaissance, il y a une qui a su se réinventer : difficile d’évoquer cette année 2023 sans s’attarder sur Miley Cyrus. Véritable icône du féminisme, souvent critiquée au cours de sa carrière (oui, Miley Cyrus a tourné le clip de Wrecking Ball en petite tenue sur une boule de démolition et non, elle ne méritait pas le ‘slut-shaming’ qui a suivi mais ça, c’est un autre débat), l’artiste nous revient cette année avec un triomphe : Avec Bzrp Music Session #53 de Shakira, Flowers, sorti en janvier dernier, est entré au panthéon de ce que l’on appelle les ‘Revenge Songs’ (Chanson de revanche, pour les Anglophobes). Tenez-vous bien, Flowers reprend méticuleusement chaque détail de la chanson When I Was Your Man de Bruno Mars (qui lui fut dédiée par son ex mari Liam Hemsworth lors de leurs fiançailles) pour mieux démonter point par point les arguments du chanteur. Il ne faudra pas longtemps pour que le monde entier s’approprie les paroles, criant à qui veut bien l’entendre que nous n’avons besoin de personne pour nous offrir des fleurs, nous tenir la main ou même pour nous faire la conversation. Miley prône l’indépendance et le self-love pour mieux se propulser au sommet des classements. Résultat, Flowers a été sacré titre le plus écouté le jour de la Saint Valentin et a même réussi à faire exploser les ventes de fleurs au Royaume-Uni (rien que ça). Au-delà d’offrir un morceau entêtant qui flirte légèrement avec I Will Survive de Gloria Gaynor, Miley Cyrus a soigné chaque détail : du costume que portait son ex où publiquement, il a jugé bon de lui demander de « bien se comporter » aux plans filmés dans la maison qui, sur le papier, serait celle où Liam Hemsworth a littéralement craché sur son mariage, c’est un carton plein pour celle qui, au fil des années, s’est imposée comme l’une des artistes les plus indépendantes et indomptables de l’industrie musicale internationale.
Le triomphe de Rihanna
Enfin, l’ultime démonstration de pouvoir revient à la seule, l’unique, Rihanna. En février dernier, après de longues années passées loins des scènes et des arènes, Riri s’est offert une performance magistrale lors de la mi-temps de la finale du Super Bowl. Au programme, un show calibré, une interprète qui a clairement marqué les esprits mais aussi et surtout, une annonce de grossesse parfaitement maîtrisée. Alors on vous l’accorde, avant elle, Beyoncé s’était produite enceinte sur la scène des Grammy Awards. Avant elle, Katy Perry avait -elle aussi- mis son nouveau rôle de mère au coeur de sa carrière artistique. Mais, remettons les choses dans leur contexte : un dimanche soir, devant le monde entier et surtout, devant la plus grosse audiences des Etats-Unis d’Amérique, Rihanna a ouvertement fait passer le message suivant : « Je suis artiste, je me produis sur scène, je suis enceinte et les trois ne sont pas (et ne seront jamais) incompatibles » – point, à la ligne. Dans un monde où les femmes sont scrutées, analysées et jugées, dans un monde où avoir un enfant serait presque un tort pour les artistes, Rihanna, fière et triomphante dans sa combinaison rouge, a fait taire les critiques avant même que les mots ne roulent sur leurs langues.
Dans son documentaire Miss Americana (Netflix), alors qu’elle n’avait même pas 30 ans, Taylor Swift disait vouloir profiter des « dernières opportunités que la société daignerait lui accorder » avant de passer cette barre fatidique du trentième anniversaire. Aujourd’hui, les lignes commencent à bouger, les mentalités (lentement mais sûrement) évoluent : à plus de 30 ans (pour la plupart) ces mêmes artistes qui, plus jeunes, ont été stigmatisées et critiquées pour leur physique, leurs chansons, leurs opinions ou tout simplement leurs vies sentimentales, ont dix ans plus tard, su se faire entendre et prendre un pouvoir qui, pendant longtemps, leur a été refusé. Et devinez quoi, elles comptent bien le garder.