Les Libertines font enfin leur grand retour aujourd’hui vendredi 11 septembre avec la sortie de leur troisième album Anthems For Doomed Youth. Onze ans après leur album éponyme et la séparation du groupe, les enfants terribles du rock se redonnent une chance et ont retrouvé les studios pour sortir ce nouveau disque. Carl et Pete auraient réglé leurs conflits, et Pete arrêté la drogue. Le groupe a l’air de nouveau s’entendre, copains comme cochon, mais cela suffira-t-il pour retrouver la flamme d’antan ? Ce rock aussi fragile que puissant. Cette alchimie indescriptible entre les deux leaders charismatiques. Retrouvez tout de suite notre critique du nouvel album des Libertines, Anthems For Doomed Youth.
Ce n’est non sans une pointe d’appréhension que nous lançons le nouvel album des Libertines. Onze ans qu’on en rêve, les attentes sont hautes, et on connaît l’inconstance de nos petits Anglais, on a peur d’être déçus, d’avoir été aussi enthousiastes à l’idée de ce nouveau disque pour rien. Peur que le mythe s’écroule. Anthems For Doomed Youth s’ouvre sur Barbarians, un titre des Libertines qui avait déjà été dévoilé en live session. En studio, le morceau envoie autant, les voix de Pete et Carl s’accordent toujours harmonieusement, et on apprécie les chœurs enjoués du refrain. Une belle entrée en la matière comme on dit.
Arrive ensuite Gunga Din, qu’on connaît déjà bien puisqu’il est le premier extrait de l’opus et Fame And Fortune. On y ressent largement l’empreinte hiératique du style de Barât et on ne peut que s’en réjouir. Puis on se retrouve face à Anthems For Doomed Youth, un titre qui nous touche en plein cœur sans pour autant tomber dans le larmoyant. Carl chante seul, et les Libertines montrent ici qu’ils ont un certain don en matière de ballades auxquelles ils donnent toujours beaucoup de puissance et de profondeur. Il y a quelque chose de très Can’t Stand Me Now dans tout ça… You’re My Waterloo est le seul titre d’antan, enregistré au même moment que le second album. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le morceau ne s’adresse pas à une ancienne conquête perdue mais au frère jumeau de Carl décédé alors qu’il n’était qu’encore un nouveau-né. L’instru minimaliste et la voix déchirante ne rend le titre que plus poignant.
Heart of Matter sonne alors beaucoup plus pop et son air entêtant nous rappelle les sons les plus désinvoltes mais irrésistibles du groupe. Le titre promet d’être terriblement efficace en live ! On retiendra également Glasgow Coma Scale où instrus et voix se répondent avec ivresse ainsi que le bouleversant Dead For Love, où Carl nous surprend une nouvelle fois. Il se dévoile ici comme il ne l’avait encore jamais fait, hurlant presque sur les derniers couplets. On remarquera d’ailleurs que l’empreinte de l’ex-leader des Dirty Pretty Thing sur l’ensemble du disque est beaucoup plus forte que celle de son acolyte Doherty.
On sent que des concessions ont été faites, et les exigences de Carl revues à la hausse, l’album est beaucoup plus carré que les précédents. Mais prend-il sans la versatilité de Pete ? L’album ne manquerait-il pas d’une certaine fougue ? Peut-être. On lui reproche d’être un peu trop lisse à certains moments. Bien que de très bons titres en ressortent, nos coups de cœur vont à Anthems For Doomed Youth, Heart of Matter ou encore Dead For Love, d’autres passeront certainement très vite aux oubliettes. Anthems For Doomed Youth n’est peut-être pas l’album de la rentrée (on lui préfèrera par exemple What Went Down de Foals) mais nous procure tout de même un immense plaisir de retrouver nos Libs toujours attachants, à jamais rock’n’roll.