Comment se fait-il que des chansons comme « Can’t feel My Face » ou « High By The Beach » envahissent les ondes alors même que les américains sont plutôt hostiles aux déclarations sur les addictions ?
Aux côtés des « Cause, baby, now we got bad blood » ou « Nobody can drag me down », on retrouve aussi en haut des charts américains des paroles sur des thématiques un peu plus sensibles aux Etats-Unis. En effet, la chanson « Can’t Feel My Face » vient officiellement de devenir N°1 du Hot 100 Billboard aux Etats-Unis. Ce qui est surprenant, ce n’est pas forcément le fait d’entendre la voix du DJ canadien toutes les 10min à la radio, mais plutôt de réaliser que la chanson N°1 aux Etats-Unis a pour sujet principal la toxicomanie. « Je sais qu’elle entrainera ma mort, au moins nous serons tous deux paralysés. » chante The Weeknd. Tout le thème de la chanson repose sur une personnification de la drogue, qui agit tel un dangereux partenaire romantique. Et c’est loin d’être un cas isolé. Ed Sheeran sera présent sur le nouvel album de The Weeknd, mais il a également un autre point commun avec l’artiste canadien. En effet, le chanteur a connu un succès fulgurant avec son hit « The A Team », qui raconte l’histoire d’une prostituée dépendante au crack, un dérivé de la cocaïne. Une situation qui peut paraître un peu étonnante lorsqu’on voit de très jeunes fans hurler les paroles à tue tête…
Comme le rappelle Billboard, dans « Rehab », Amy Winehouse évoque sa dépression et son addiction à l’alcool. Pour autant, la chanson lui a valu pas moins de trois Grammy Awards en 2008. Quant à la nouvelle chanson de Lana Dey Rey « High By The Beach » dont le clip vient d’être dévoilé, le titre est tout à fait évocateur, ce qui ne l’a pas empêché de se placer directement au sommet des charts iTunes. De la même manière, la chanson ultra tubesque de Linkin Park « Breaking The Habit » évoquait de sérieux problèmes de drogues, au même titre de « Special K » l’un des plus gros hits de Placebo dont la morale est clairement qu’on finit toujours pas redescendre, que ce soit en matière de drogues ou d’amour. Il faut dire qu’en général, ces chansons sont diffusées en boucle sur les radios car les références aux drogues y sont très subtiles. Les addictions ne sont pas clairement nommées, mais plutôt chantées de façon poétique. « Évidemment, nous ne diffuserions rien qui serait clairement irrespectueux ou offensant », explique Erik Bradley, programmateur musical à la radio WBBM-FM de Chicago. Tout est une question de jeux de mots et les mélodies sont hypnotiques. Ce n’est pas mon métier de dire ‘Je ne peux pas passer cette chanson’. C’est un tel hit qu’on doit la jouer. »
Par ailleurs, alors que les mentalités aux États-Unis sont manifestement en train de changer sur le sujet, notamment en ce qui concerne la légalisation de la marijuana, ces chansons qu’on entend en continue à la radio ne glamourisent en aucun cas les effets des drogues, mais mettent plutôt des mots et de la musique sur les ravages causés par l’addiction. C’est probablement pour cette raison que les radios ne se retrouvent pas harcelées par des parents affolés de voir leurs ados tourner junkies. Si ces hits évoquent les addictions à la drogue, c’est surtout pour parler des effets dévastateurs qu’elles entraînent sur la vie et les sentiments. Et surtout, il n’est bien sûr pas nécessaire de littéralement « planer à la plage » pour comprendre et ressentir les paroles de la chanson de Lana Del Rey.