On a rencontré Thomas Azier dans le cadre du festival Eurosonic et il nous est vite apparu que l’artiste était probablement le plus « européen » de toute la programmation. Ce qui ne pouvait pas mieux tomber puisque l’événement a pour but de faire la lumière sur des artistes encore relativement confidentiels au niveau international. Le néerlandais n’a pourtant plus rien d’un débutant, il fait même figure de vétéran d’Eurosonic, c’est la 5ème fois qu’il se produisait sur l’une des nombreuses scènes de la ville de Groningen ( Pays-Bas). Chaque année, il semble accéder à des scènes toujours plus imposantes, confirmant son statut d’artiste en pleine explosion. Thomas Azier vient aussi de dévoiler, le lendemain de son concert sold out au Nouveau Casino, un nouveau single accompagné d’un clip, Winners. Il sera de retour le 31 mai prochain au Trianon (ouverture des ventes mardi 7 février à 10h) et d’ici là son nouvel album devrait être disponible. Rencontre avec un artiste qui navigue sur les rives d’une electro pop élégante où la voix et les mots ont une grande importance !
europe2.fr : Qu’est ce que ça te fait d’être à nouveau programmé à Eurosonic ?
Thomas Azier : » Je suis né au Pays-Bas, j’ai grandi tout près d’ici d’ailleurs. Quand le festival était encore confidentiel, c’était vraiment une plateforme pour de jeunes artistes. J’ai donc joué un de mes premiers shows ici à Groningen. J’adore cet endroit et en tant qu’artiste j’ai eu l’impression de grandir en même temps que le festival. C’est un bonheur de jouer maintenant devant un millier de personnes, c’est même assez fou ! »
Les Pays-Bas, Berlin, Paris, tu as habité un peu partout…
» Je me suis installé jeune à Berlin, je n’avais que 17 ans et j’y suis resté neuf ans. Depuis deux ans, je vis à Paris, et en fait je suis totalement connecté à ces deux villes mais aussi à Amsterdam. C’est comme une trinité pour moi. Ce sont des villes qui se ressemblent mais qui sont aussi différentes, je trouve dans chacune de ces villes des choses que j’adore. »
L’Europe c’est une notion importante pour toi ?
« Je me sens très européen en effet, par contre je ne suis pas vraiment connecté avec la scène musicale anglaise. Je trouve qu’il y a quelque chose de très particulier dans la musique de notre coin d’Europe. On a notre propre son, l’électro y est importante, et puis il y a aussi le côté très mélodique de la musique venant de France. »
C’est pour ça que tu t’es installé en France ?
« J’aime le changement, j’ai toujours été un peu amoureux de Paris et des gens de France. J’avais l’habitude de venir en vacances en France quand j’étais enfant donc j’ai toujours eu une relation spéciale avec votre pays ! Et puis bien sûr je suis très inspiré par la musique française… »
Qu’est ce qui te plait tant dans la musique française ?
» Quand j’étais plus jeune, l’electro française commençait à faire parler d’elle. C’était un son assez dur mais aussi joyeux et excitant qui m’a beaucoup plu parce que j’étais plutôt habitué à la techno allemande qui est beaucoup plus carrée et minimale. J’ai fini par combiner ces deux éléments dans ma propre musique. Quant aux mélodies françaises et les songwriters incroyables comme Gainsbourg, ils ont toujours été une source d’inspiration. Les paroles [dit-il en français, NDLR] sont tellement centrales dans la musique française. »
D’ailleurs tu as choisi de travailler avec Dan Levy (The Dø ) pour ce nouvel album…
» J’ai beaucoup d’amis français, je suis donc aussi pas mal connecté avec des artistes français/francophones. Je suis proche de The Shoes, Woodkid, et puis j’ai aussi travaillé avec Stromae. C’était donc logique pour moi de travailler avec des producteurs français pour ce nouvel album. Je produis ma musique mais je voulais aussi une collaboration. Dan Levy était le choix parfait car il est batteur, il a un vrai sens du rythme et il est aussi très bon pour produire des voix. Il joue de beaucoup d’instruments et il adore les orchestrations, c’est vraiment un mec exceptionnel. Quand on travaillait en studio c’était comme si deux comètes se croisaient, c’était super intéressant. »
Tu as mis 5 ans pour composer Hylas, comment ça s’est passé pour ce nouvel album ?
« Ça a été beaucoup plus rapide. Je suis un mec différent, on change beaucoup en grandissant. Le premier album c’était plus comme un récit initiatique. J’ai mis toute ma vie en fait à faire cet album, c’est le passage d’un jeune garçon à un jeune homme. Pour le nouvel album ça a été très différent parce que j’ai voyagé, j’étais en tournée, j’ai vu plein de choses différentes dans le monde, je me suis amusé. Avec mon propre changement, mon son change aussi ! »
C’est vrai que Talk To Me laisse entrevoir un univers moins sombre que tes précédentes chansons, ce sera pareil sur le reste de l’album ?
» J’ai l’impression que cet album c’est un peu comme l’aube, j’y ai vraiment saisi ce passage de la nuit au matin alors que mes chansons précédentes reflétaient plutôt la nuit. Donc oui, il y a un peu plus d’espoir avec ce nouvel album, la nuit disparaît et la nostalgie avec. C’est plus lumineux, ça en devient une sorte de célébration ! »
Comment est ce que tu composes ?
« Ça commence toujours avec une mélodie, souvent la nuit, j’écris en général juste avant de me coucher ou alors que je suis déjà au lit. Moitié endormi, moitié éveillé c’est là où je suis le plus productif et que j’ai le plus d’idées. J’ai mon téléphone avec moi je chantonne quelques trucs et le matin je ré-écoute. Des fois j’ai déjà tout la chanson, mais après il faut les vraies paroles et je prends vraiment mon temps, ça peut prendre un an (rires). «