twenty one pilots : « C’est important pour nous d’écrire nos propres chansons » (interview)

twenty one pilots c’est le duo alternatif américain qui cartonne aux Etats-Unis et qui promet d’envahir l’Europe. A l’occasion de leur venue en France nous avons rencontré Josh Dun, batteur du groupe pour une interview exclusive.

Leur album « Blurryface » est arrivé #1 au Billboard lors de leur sortie en 2015, ils ont deux dates au Madison Square Garden de prévues (dont une déjà complète), leur single « Stressed Out » est actuellement l’un des hits du moment, vous l’auriez compris : le duo alternatif est à suivre d’urgence et on vous explique pourquoi il faut écouter twenty one pilots en 2016 qui sont en phase de devenir l’un des plus grands groupes du monde comme l’affirme Rolling Stone. Tyler Joseph et Josh Dun sont actuellement en tournée à travers les salles d’Europe et semblent faire de plus en plus d’adeptes. A l’occasion de leur venue en France où twenty one pilots a enflammé le Trianon de Paris après avoir séduit Lyon, c’est le batteur Josh Dun qui a répondu à nos questions sur l’album, la tournée et l’image atypique que véhicule le groupe.

europe2.fr : Salut Josh ! Nous sommes ravis de t’accueillir. Tout d’abord félicitation pour le succès réalisé avec « Blurryface » vous attendiez-vous Tyler et toi à ce type de réaction ?

Josh Dun : Salut Europe 2 ! Merci à toi, je suis très content d’être là et désolé que Tyler ne puisse pas assister à l’interview, il est un peu malade du coup il y a juste moi aujourd’hui (rire). Concernant « Blurryface », nous avions toujours eu de grands rêves et de grands buts, nous voulions voir jusqu’où nous pouvions aller, jusqu’où nous pouvions pousser la création. On ne s’attendait pas à ce succès, voir que l’album est arrivé #1 chez nous aux USA et qu’il décolle dans d’autres pays, on a vraiment été touchés de la réponse des gens. D’un autre coté, on savait qu’un jour on pourrait y arriver et je pense que tous les artistes devraient avoir des rêves aussi grands que possible et essayer de les réaliser par tous les moyens. Je veux dire, pourquoi pas après tout ?

europe2.fr : C’est pour cette raison que vous n’avez pas attendu d’être signés en maison de disques pour sortir deux albums et faire des tournées dans l’Ohio par vos propres moyens ?

Josh Dun : Exactement ! Pour nous la meilleure chose qu’il fallait faire en ce temps là était de donner des concerts et jouer notre musique, donc nous avons fait des tournées et autant de concerts que possible. C’est comme ça qu’on fonctionne également aujourd’hui. On fait des concerts non stop depuis près de cinq ans et on continuera à en faire non stop jusqu’à la fin de l’année c’est sur et même en 2017. On adore jouer en live et je pense que c’est ce qui a été l’élément déclencheur. On jouait dans de petites salles puis les gens en parlaient à leurs amis qui venaient également, et ça a pris de l’ampleur dans de plus grandes salles. On revenait dans des endroits mais pour de plus grands concerts, c’est comme ça que nous fonctionnons et c’est cool !

europe2.fr : Et maintenant comment tu te sens quand tu joues dans de grandes salles et que toutes les personnes connaissent chacune des chansons du groupe ?

Josh Dun : On parle souvent des jours où on a commencé le groupe et il y a des concerts où on jouait devant deux personnes (rire). Il y avait vraiment deux personnes dans la salle et maintenant on joue devant des milliers … et Madison Square Garden cet été ! C’est une salle où Tyler et moi avons toujours rêver de jouer. Ce qui est drôle c’est qu’avant nous ne savions jamais combien de personnes il allait y avoir à nos concerts, peut-être dix, peut-être cent donc le fait, pas seulement de jouer au Madison Square Garden, mais de savoir combien il y a de personnes dans chaque salle, à peu près, est un sentiment incroyable.

europe2.fr : Est-ce que le fait de jouer dans de petites salles te manque ?

Josh Dun : Oui et ça me manquera toujours je pense. C’est marrant parce que tous les groupes qui débutent rêvent de jouer dans de grosses salles mais ils prennent pour acquis les concerts qui t’ont aidé à arriver à ce stade, tu vois. Aujourd’hui que nous avons joué dans de grandes salles et arènes je me souviens du temps où nous jouions dans des bars et clubs, ça me manque beaucoup mais je pense qu’on aura l’opportunité d’y retourner. Il y a quelques semaines dans le Colorado nous avons joué devant 300 ou 400 personnes, c’était génial et ça semble plus punk-rock et intime !

europe2.fr : Tyler et toi êtes seulement deux dans le groupe et vous n’avez aucun musicien avec vous sur scène. Ce n’est pas trop dur parfois de devoir tout faire par vous-mêmes ?

Josh Dun : On a déjà parlé d’ajouter des personnes au groupe, ça serait beaucoup plus facile pour nous. Finalement on est arrivé à la conclusion qu’on ne voulait pas forcément se faciliter la tâche. C’est parfois dur pour nous de jouer à seulement deux, parfois on se sent vraiment exposés et vulnérables sur scène mais il y a quelque chose qui rend le fait d’être deux… spécial d’une certaine façon. Chaque fois avant de monter sur scène on doit faire face à ça, le fait d’aller justement – comme le veut l’album – contre nos insécurités et affronter cette peur d’être seuls sur scène devant tout le monde. Pour le moment dans notre carrière c’est ce dont on a besoin mais ça ne veut pas dire que plus tard nous n’allons pas ajouter une ou plusieurs personnes pour pouvoir nous compléter et jouer de quelques instruments. Je ne pense pas que le moment soit venu par contre (rire).

europe2.fr : Puisque tu joues de plusieurs instruments sur scène, tu as déjà pensé à rejoindre Tyler et de chanter/rapper avec lui ?

Josh Dun : Je t’avoue que j’y ai pensé (rire) mais je bouge beaucoup quand je joue de la batterie. J’avais un micro avant à coté mais ça me dérangeait, et je pouvais pas autant me défouler. Peut-être plus tard mais je ne me vois pas vraiment le faire. Je ne suis pas un super chanteur, Tyler est un super chanteur alors je lui laisse cette partie (rire).

europe2.fr : Si on retourne à l’album « Blurryface », quelle est la signification de la pochette ?

Josh Dun : Il faut savoir que « Blurryface » est un personnage que nous avons créé et qui représente toutes nos inhibitions et insécurités de façon personnifié. Chaque chanson dans l’album a un design qui lui est propre et sur le devant il y a neuf ronds. Si tu sépares la première couche du catalogue tu vois que tous les ronds sont blancs, sauf deux qui sont rouges. Ces deux ronds rouges nous représentent et représentent aussi le logo et de façon plus générale l’image du groupe. Puis si tu regardes les différents design sur la pochette, ils sont mélangés, pas vraiment déterminés, différents… ils représentent ce personnage « Blurryface » et l’état d’esprit de l’album. C’est un tout on va dire, tout comme nos concerts où il y a beaucoup de rouge, le bonnet de Tyler, mon maquillage sous les yeux (rire), et puis les masques. Tout ça c’est l’esprit « Blurryface » !

europe2.fr : Est-ce que le fait de ne pas pouvoir musicalement définir twenty one pilots est un plus, dans le sens où vous pouvez totalement changer de style d’un jour à l’autre sans être labellisé ?

Josh Dun : Je pense oui. C’est cool pour nous de ne pas être catégorisé dans un genre musical parce que si on décide de balancer quelque chose de totalement différent dans le prochain album, ajouter un nouveau style, les gens ne seront pas trop choqués. Parce que nous avons expérimenté tellement de genres dans le passé que c’est devenu normal. Si par exemple AC/DC en venait à écrire une chanson hip/hop les gens ne comprendraient pas et se demanderaient ce qu’il se passe. On s’est donné une liberté de pouvoir tenter de nouvelles expériences musicales si on le voulait. C’est cool parce qu’on adore tous ces styles musicaux et c’est avec ça qu’on a grandi alors pourquoi ne pas en jouer ?

europe2.fr : Dans la chanson « Lane Boy », l’une des paroles dit : « ne fais pas confiance à une chanson parfaite », est-ce une manière pour vous de critiquer certains aspects de l’industrie musicale ?

Josh Dun : Tu as tout compris, c’est exactement ça ! « Lane Boy » est l’un des titres phares de l’album parce que nous n’aimons pas être critiques de manière négative en général mais cette chanson apparait plus comme une observation. Ce que nous remarquons c’est qu’il y a parfois des machines derrière des chansons ou des artistes et ce n’est pas forcément toujours mal hein, mais c’est aussi une raison pourquoi nous sommes très protecteurs envers ce que nous faisons. Parce que nous voulons être, pas seulement nous-mêmes, mais montrer aussi qu’il n’y a pas une troupe de personnes qui écrivent pour nous. On écrit nos propres chansons et c’est très important pour nous que personne ne le fasse à notre place.

europe2.fr : Le fait d’écrire vos propres morceaux donne un coté authentique à votre musique qui fait que les fans peuvent facilement s’identifier à ce dont vous parlez. Est-ce qu’il y a de la pression dans le fait justement d’être une sorte de « porte parole » ?

Josh Dun : Oui c’est sur il y a toujours de la pression. Tyler et moi utilisons beaucoup la musique dans nos vies. Je peux facilement penser à des moments difficiles de ma vie, lorsqu’on perd un être cher ou bien ne serait-ce que lorsqu’on a des idées assez dépressives, ou parfois lors d’une rupture… la musique a toujours été là pour moi d’une certaine façon plus que les gens auraient pu l’être. La musique a vraiment un impact positif sur moi et sur Tyler aussi. Quand on a commencé le groupe on en a parlé avec Tyler et on s’est dit que si notre musique pouvait aider ne serait-ce qu’une seule personne, tout comme elle nous a aidé, alors ça en vaut la peine. Tout ce qu’on fait vaut la peine et quand on a des fans qui viennent nous dire que notre musique a aidé à surmonter une épreuve, alors c’est cool et tout prend sens. C’est des choses comme ça qui nous donnent envie de continuer d’écrire, de donner des concerts et nous améliorer. Avec la musique tu peux dire des choses que tu ne pourrais pas dire simplement avec des mots, c’est une plateforme où tu peux exprimer une version de toi même que tu n’oses peut-être pas montrer dans la vie de tous les jours.

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