Écrit par marinepn - Publié le 26 Oct 2017 à 10:00

Retenez bien son nom, le jeune Tim Dup est celui qui, pour de nombreux médias, est la relève de la chanson française. Et clairement, il a le talent pour. Interview. 

Il n’a que 22 ans et déjà tout d’un grand. Avec un premier EP applaudi par la critique et extrêmement bien reçu par le public, Tim Dup s’est imposé dans le paysage musical français, sans effort. Avant la sortie de son premier album, europe2.fr a échangé avec le jeune prodige.

Parce que son premier EP (Vers Les Ourses Polaires) a reçu un très bon accueil, il serait légitime de ressentir une certaine pression à l’approche de la sortie de son premier album sur lequel on retrouve les excellents TER Centre et Vers Les Ourses Polaires. Mais, la pression et l’anxiété, ça ne fait définitivement pas partie du vocabulaire de Tim Dup (et Dieu sait qu’il en a, du vocabulaire) : « Je ne suis pas quelqu’un de très stressé. J’essaie de prendre ça dans le bon sens, ça me fait très plaisir. La pression, j’essaie de m’en détacher un peu parce que ça ne sert à rien. La pression, elle n’est que pour toi et pour moi, c’est inutile. L’EP a été bien accueilli dans les médias et du coup, mine de rien, il y a l’idée de plaire à nouveau aux gens qui ont aimé l’EP. Mais moi, ma base, c’est l’artistique. Ce qui m’importe ce sont mes chansons : Il faut que j’en sois content, que j’en sois fier. L’idée, c’est que l’album me plaise. Et je l’aime, je vais pouvoir aller le défendre. Le reste, tu ne maîtrises pas trop », explique t-il.

Tim Dup livre ici un premier album poétique et habile (on vous défie de trouver ne serait-ce qu’un artiste aussi jeune capable de jouer avec les mots et les sons de cette façon) et dans lequel chacun peut se reconnaître. Mention spéciale pour Mortelle Habanera, un morceau (qui flirte avec le rap) et qui nous fait voir Carmen (oui, l’opéra) sous un nouveau jour, plus moderne : « J’ai imbriqué deux histoires », explique t-il. « Une histoire personnelle et à coté de ça, justement, je trouvais parlant la métaphore de l’opéra de Carmen où le mec est prêt à tué Carmen à cause de cet amour impossible, un peu à la Roméo & Juliette . Et là, c ‘est différent parce que dans cette chanson, l’amour est à sens unique. Ce n’était pas une volonté de moderniser le truc ». Mais en attendant, c’est ce que l’on ressent. Et pour la petite histoire, sachez que la chanson aurait dû s’appeler Carmen. Mais entre temps, Stromae a sorti Racine Carrée avec…Carmen ! Mais au final, Mortelle Habanera, ça sonne très bien.

« IL Y A DES CHANSONS QUI SONT DES CLES POUR EN OUVRIR D’AUTRES »

Son premier album (Mélancolie Heureuse) est sorti aujourd’hui – vendredi 27 octobre. Et pour en arriver là, Tim a beaucoup (vraiment beaucoup) écrit. la question reste de savoir quelles chansons garder et surtout, comment décider : « Il y a des chansons qui sont des clés pour en ouvrir d’autres », répond-il. « Tu écris, tu sais que ce sont des chansons qui, dans l’immédiat, ne sont pas destinées à donner quelque chose de sérieux et en même temps, tu as envie d’en écrire une autre. J’écris beaucoup mais bizarrement, il y a peu de pourcentage de déchet. La seule chose qui est relou, c’est la temporalité : Tu vas écrire une chanson à un moment donné sauf que ton album sort bien plus tard. Et là, ça devient compliqué parce qu’à mon âge, tu évolues beaucoup. J’ai écrit de nouvelles chansons alors que… mon album sort là, maintenant ! », s’exclame t-il. Et en toute honnêteté, on ne va pas s’en plaindre. Le premier opus est à peine sorti que déjà, on a hâte au prochain. Parce qu’on vous le promet, une fois le premier album écouté dans sa totalité, vous en voudrez plus.

Mais lorsque l’on travaille sur un disque (surtout sur son premier), on peut rencontrer quelques difficultés : « Un album, c’est du boulot. Quand je fais mes maquettes sur mon ordi dans ma chambre, ce n’est pas compliqué. J’ai travaillé avec Pavane qui vient de l’électro. Et parfois, tu peux manquer de recul quand tu travailles avec quelqu’un depuis longtemps. Mais avec un album, il faut penser à tout : A ton image, à ton propos… et ça, c’est beaucoup de travail. »

« JE VOULAIS PARLER DE MOI EN PARLANT DES AUTRES »

Ce qui frappe dans ce projet, c’est l’idée de dualité. Tim Dup joue sur les contrastes et les paradoxes (de ses titres à la cover de son album). Etait-ce un thème choisi ? ? Un thème à explorer ? Ou alors, au contraire, a t-il de décidé de se présenter tel qu’il était ? « Je ne suis pas dans la construction parce qu’en tant qu’artiste, je ne joue un pas un personnage. Il y en a d’autres qui le font très bien, par exemple. Comme Stromae ou Christine & The Queens. Jain s’est construit un personnage visuel et identitaire. Moi, ce n’est pas ce que vend dans mes chansons. L’idée, c’est d’être le plus sincère et honnête possible. C’est symptomatique de ce que je suis mais aussi de ma génération. J’ai l’impression qu’on est une génération qui doute et il y a cette dualité : On a des convictions et en même temps, peu. On a des espoirs, des idéaux et même temps, aucun. Evidemment je parle de moi, mais je voulais parler de moi en parlant des autres.

Et quand on écoute Paradoxe justement, on réalise que Tim Dup est un être aussi complexe que nous. Vous vous sentiez étrange, paradoxal et parfois bizarre ? On vous rassure, c’est notre lot à tous. Et ça, il l’explique (vraiment) très bien : « Je suis tout, je ne suis rien », chante t-il.

Dans cet album, Tim Dup parle de lui mais aussi, des autres. Mais la difficulté quand on parle de soi, c’est de savoir se limiter et de ne pas trop en dévoiler : « Tu ne peux pas toujours tout dire, tout révéler. Déjà moi, ça ne m’intéresserait pas, ça ne me touche pas. Je voulais parler de moi en touchant les autres. Je prends le temps de regarder ce qu’il y a autour. On peut croire qu’il y a de la maturité et en même temps, je suis un enfant. Et je pense que ça se sent dans l’album, cette naïveté ». Et le talent de Tim Dup, il réside justement là, dans sa capacité à allier la naïveté relative à sa jeunesse et la maturité acquise avec l’expérience.

PLAYLIST

Côté playlist, Tim Dup est du genre éclectique : de Imagine de John Lennon à Supertramp en passant par l’électro de Daft Punk, son univers musical se reflète parfaitement :

  • Imagine – John Lennon
  • Supertramp – A Soapbox Opera
  • Daft Punk – Veridis Quo

A RETENIR SUR MELANCOLIE HEUREUSE :

  • Paradoxe
  • Une Envie Méchante
  • Mortelle Habanera
  • TER CENTRE
  • Vers Les Ourses Polaires

Ajoutez à cette playlist Kanye West et Serge Gainsbourg et vous obtiendrez (à peu près) toutes ses influences. Que des grands artistes qui, clairement, se sont imposés dans des univers bien distincts. Dans Mélancolie Heureuse, Tim Dup se livre sans artifice et parce qu’il parle des autres en se basant sur ses propres expérience, il nous rappelle que l’on n’est pas seuls à se débattre entre un quotidien parfois difficile, les doutes et les relations souvent compliquées. Tim est comme nous et ça fait du bien.